Les serrures et les clés

Quoi de mieux qu'une bonne serrure bien solide pour se protéger d'autrui? En fermant à clé certains lieux, l'homme a trouvé le moyen d'assurer sa propre sécurité ainsi que celle de ses biens.

1 - Accès interdit

Autrefois, "barrer la porte" était l'expression appropriée pour signifier qu'on bloquait l'accès d'un lieu. En effet, la première méthode qu'on a employée pour empêcher quiconque d'entrer chez soi consistait à faire glisser une longue barre de bois dans deux chevilles de métal fixées de chaque côté de la porte. Ce système a servi longtemps, même après qu'on eut inventé la serrure et la clé. La plus ancienne serrure, vieille d'environ 4 000 ans, a été retrouvée à Ninive, en Mésopotamie, à l'occasion de fouilles archéologiques. Les premières serrures, massives et rudimentaires, étaient faites de bois ou de métal brut. Vers 2 500 ans avant Jésus Christ, elles étaient actionnées à l'aide de clés, simples bouts de métal recourbés qui, insérés dans les serrures, repoussant le pêne. Le problème, c'est que ce type de clé ouvrait toutes les serrures: il suffisait d'en avoir une pour pouvoir pénétrer partout! Voilà pourquoi les Romains ont commencé à forger des serrures et des clés plus complexes ; les premières comportaient des fentes de tailles diverses, et les secondes présentaient des aspérités correspondant à ces fentes. En conséquence, la clé ne tournait que si elle s'adaptait parfaitement à la serrure. Cependant, il était encore bien facile de faire une empreinte de celle-ci et de fabriquer une clé s'y emboîtant sans problème. Il a donc fallu songer à fabriquer des modèles de serrures encore plus coriaces.

2 - Les serrures à gorge et à barillet

En 1778, l'Anglais Robert Barron fait breveter un dispositif plus difficile à déjouer, la serrure à gorge, dont le mécanisme se déclenche à l'intérieur même de la serrure: il n'est donc pas facile de prendre l'empreinte de celle-ci. Lorsqu'on insère une clé dans la serrure à double gorge de Barron, qui est munie d'une plaquette à deux entailles, les reliefs doivent s'insérer dans ces dernières pour soulever le pêne. En 1784, l'ébéniste anglais Joseph Bramah fabrique la première serrure à barillet, dont la clé comporte des encoches qui compriment des ressorts appuyés sur des goupilles. Lorsqu'une clé convenablement taillée entre dans ce type de serrure, elle repousse les lames vers le fond, puis parvient jusqu'au collier; là, elle peut tourner librement et libérer le pêne.

3 - La découverte de Yale

En 1865, l'Américain Linus Yale, qui a donné son nom à certaines des meilleures serrures offertes sur le marché, améliore le mécanisme de la serrure à barillet. La clé comporte désormais plusieurs rainures devant être alignées avec précision pour libérer le pêne. L'avantage de ce dispositif, c'est qu'il peut présenter une multitude de combinaisons. La serrure comprend un barillet doté d'une rangée de trous à chacun desquels est jumelée une goupille. À l'intérieur de la serrure, les dents de la clé repoussent les goupilles retenues par des ressorts. Lorsque les goupilles sont bien alignées, la clé peut pénétrer plus avant dans le barillet, qu'elle fait alors tourner pour actionner le pêne. Ce type de dispositif est encore utilisé aujourd'hui pour les maisons et les automobiles.

Les clefs utilisées dans les serrures à garnitures et les serrures à gorges comportent les parties suivantes :

  • Anneau destiné à la prise en main
  • Tige, qui peut être pleine (clé bénarde) ou forée, pour s’enfiler sur l’axe de la serrure.
  • Panneton : la partie destinée à actionner le pêne de la serrure. Son motif, taillé de façon à correspondre aux garnitures de la serrure, est découpé en creux parallèles à la tige (les rouets), perpendiculaires à la tige (rateaux ou pertuis). L'extrémité du panneton la plus éloignée de la tige s'appelle le museau. Le panneton peut être simple ou double (un de chaque côté de la tige)

La partie de la clé entrant dans la serrure est appelée accueillage.

Les serrures à goupilles cylindriques sont généralement actionnées par des clefs plates crantées. Le tranchant de la tige plate est découpé sur un côté, de façon à déplacer les goupilles de la serrure à la hauteur adéquate. On les appelle également clés paracentriques. C’est de nos jours le type de clés le plus répandu. Les clés plates crantées sont aisément duplicables.

Il existe également des clefs tubulaires (pour les serrures tubulaires à goupilles) et des clés à pompe. Pour les serrures de sécurité, les crans des clés peuvent être remplacées par des billes. Certaines clés plates ne sont pas crantées mais comportent sur leur deux faces des creux de différentes profondeurs dans lesquelles viennent se placer les goupilles de la serrure. On parle parfois de clefs à trous. Toutes ces clés, plus rares, nécessitent des équipements différents pour leur duplication que ceux utilisés pour la reproduction des clés plates crantées. Elles offrent donc davantage de sécurité. Cependant, le perfectionnement des machines ne peut garantir sa non reproduction.

Afin de limiter duplication des clés de sécurité, ces dernières sont généralement vendues avec une carte de propriété, exigible lors d’une demande de copie. Les serruriers ne sont pas habilités à effectuer eux-mêmes la reproduction et doivent faire appel au fabricant.

Il existe des clés magnétiques, incrustées d’aimants destinés à actionner les goupilles des serrures magnétiques.